Comportement à risque : pourquoi nos routes restent-elles dangereuses ?
En 2025, la conduite en France reste marquée par une tension persistante. Le 15ᵉᵐᵉ Baromètre de la conduite responsable, publié par la Fondation VINCI Autoroutes, révèle une situation contrastée : des progrès timides face à des habitudes à risque toujours bien ancrées.
Entre agressivité, infractions banalisées, distractions numériques et fatigue au volant, le défi reste de taille pour rendre les routes plus apaisées.
Des comportements agressifs encore présents
Le rapport révèle que 87 % des conducteurs redoutent l’agressivité des autres usagers. En effet, plus de six automobilistes sur dix reconnaissent injurier un autre conducteur en situation de tension, tandis que plus de la moitié avoue klaxonner de manière intempestive.
De plus, près d’un tiers admettent volontairement « coller » un véhicule par agacement et 13 % sont déjà sortis de leur voiture pour « s’expliquer » avec un autre conducteur. Si ces chiffres sont en légère baisse, ils montrent un climat de stress toujours persistant au volant.
Or, l’agressivité au volant augmente significativement le risque d’accidents graves : les comportements impulsifs comme le dépassement dangereux, les freinages brusques ou les altercations physiques peuvent entraîner des collisions et des blessures graves. Apprendre à gérer son stress et à être bienveillant sont donc essentiels pour la sécurité de tous.
Un respect du code de la route et de la conduite responsable encore imparfait
Neuf conducteurs sur dix reconnaissent rouler au-dessus des limitations de vitesse, souvent légèrement, mais régulièrement.
Or, la vitesse excessive ou inadaptée est impliquée dans près d’un tiers des accidents mortels sur les routes françaises selon la Sécurité Routière. La majorité ne respecte pas non plus les distances de sécurité. Sur autoroute, nombreux sont ceux qui restent sur la voie du milieu sans raison et un quart déclarent doubler par la droite, un comportement interdit qui crée une confusion dangereuse pour les autres conducteurs et augmente le risque de collision latérale ou d’accrochage lors d’un changement de voie inattendu. Ces pratiques, devenues habituelles, s’éloignent des principes d’une conduite responsable et contribuent à un sentiment d’insécurité partagé.
Distraction numérique : quand l’écran prend le volant
Le baromètre souligne également que 75% des conducteurs français utilisent leur téléphone ou leur GPS en conduisant. Un tiers lisent ou envoient des messages au volant et 84 % reconnaissent détourner le regard de la route pendant plus de deux secondes — soit 72 mètres parcourus sans regarder la route à 130 km/h !
La fatigue s’ajoute à ce cocktail à risque : 39 % prennent le volant alors qu’ils sont très fatigués et la moitié d’entre eux ont déjà ressenti un micro-endormissement, un phénomène particulièrement dangereux, car quelques secondes d’inattention suffisent à provoquer une sortie de route ou un accident grave, notamment sur autoroute où les vitesses sont élevées. Pire encore, 85 % de ces conducteurs voient leur esprit vagabonder régulièrement, signe d’une concentration affaiblie un facteur majeur d’accident. Pour limiter ce risque, il est conseillé de faire des pauses régulières et de bien s’hydrater et, en cas de fatigue ou de difficultés à rester concentré, de ne pas hésiter à s’arrêter pour se reposer ou changer de conducteur.
Les risques invisibles mais redoutables
Même si la conduite sous influence d’alcool et de stupéfiant diminue, elle reste préoccupante : 7 % des conducteurs déclarent avoir conduit en étant au-dessus de la limite légale d’alcool, 2 % après avoir consommé du cannabis et 12 % sous l’effet de médicaments altérant la vigilance.
Ces chiffres sont particulièrement préoccupants chez les 18-24 ans, qui représentent environ 20 % des conducteurs impliqués dans des accidents corporels, alors qu’ils ne constituent que 12% de la population conductrice.
Selon l’ONISR*, les jeunes sont aussi plus souvent sous l’emprise de l’alcool ou de stupéfiants au moment des accidents mortels avec près de 30 % d’entre eux concernés, ce qui explique leur vulnérabilité accrue sur les routes. Malgré une certaine conscience du danger, beaucoup continuent à prendre des risques, montrant la nécessité de renforcer la prévention et la responsabilisation.
*Observatoire national interministériel de la sécurité routière
Adopter une conduite responsable, c’est agir pour sa sécurité et celle des autres.