Sécurité routière : comment faire progresser les comportements

Téléphone au volant
Bilan de l'accidentalité routière

Paul-Henri Renard, directeur général opérationnel à PARIFEX, évoque le sujet de la sécurité routière, les nombreux progrès réalisés sur les dernières décennies et les causes d'accidents qui subsistent...

Pensez-vous que la sécurité routière soit un sujet d’urgence ?

Les situations sont très contrastées d’un pays à l’autre. Dans le cas particulier de la France, la Cour des Comptes reconnait que des progrès énormes ont été faits sur les dernières décennies dans son rapport sur la politique publique de sécurité routière de 2021. En effet, nous sommes passés de plus de 18 000 tués sur les routes de France en 1972 à moins de 3 500 aujourd’hui. Mais elle met en garde contre des résultats qui stagnent. Depuis 2013, le nombre des décès a cessé de diminuer et la position de la France par rapport à ses voisins européens s’est dégradée, passant du 7e au 14e rang en dix ans. Certains pays, comme la Suède avec son projet Nollvisionen, sont très en avance pour atteindre l’objectif « zéro morts, zéro blessés graves » sur les routes. Nous avons encore beaucoup de progrès à faire dans notre pays. C’est donc un sujet d’urgence en France.

Quelles sont les principales causes d’accidents sur les routes de France ?

L’accident de la route se produit lorsqu’un élément vient perturber de manière irrattrapable le trio usager – véhicule – environnement. Plus de 90% des accidents sont la conséquence d’un dysfonctionnement lié à l’usager, que ce soit une défaillance humaine liée à la complexité de la tâche ou un refus délibéré de respecter les règles. La vitesse excessive ou inadaptée aux circonstances est la première cause d’accidents mortels. Les forces de l’ordre identifient ce facteur dans un accident mortel sur trois. Pour ce type d’accident, ce facteur vitesse intervient plus souvent que la moyenne sur les routes limitées à 70 km/h, ce qui reflète probablement la difficulté pour les conducteurs de percevoir la spécificité de ces sections et de prendre conscience des dangers associés. Il est moins présent sur les autoroutes limitées à 130 km/h.

La conduite en état d’ivresse ou sous l’emprise de stupéfiants est la deuxième cause de mortalité sur les routes, après la vitesse. 43 % des décès interviennent dans un accident avec au moins un conducteur sous influence de l’alcool ou de stupéfiants. C’est un fléau difficile à éradiquer autrement que par des mesures de prévention et de sensibilisation des usagers car nous ne bénéficions pas aujourd’hui de technologies équivalentes à celles du contrôle automatique de la vitesse. J’en veux pour preuve le nombre de points de permis retirés en 2017. 70% d’entre eux ont été perdus en raison du non-respect des vitesses contre 0,9% pour usage de stupéfiants au volant et 5,2% pour conduite sous l’emprise de l’alcool.

Enfin, la conduite d’un véhicule nécessite une forte concentration du conducteur sur sa tâche pour pouvoir réagir au plus vite et prendre les bonnes décisions. En France en 2021, le facteur causal « inattention ou usage de téléphone ou distracteurs technologiques » est relevé chez un conducteur dans 23% des cas. Il existe plusieurs types de distracteurs (visuels, manuels, cognitifs ou auditifs) provenant de sources internes ou externes au véhicule. En particulier, l’errance mentale, c’est à dire le fait d’être perdu dans ses pensées, représente un danger significatif pour la sécurité routière. Des études révèlent que le défaut d’attention est présent dans 25 à 50% des accidents corporels, ce qui est énorme. Selon une analyse multifactorielle des causes d’accidents (ASFA) entre 2016 et 2020, l’inattention intervient dans 15 % des accidents mortels sur autoroute. Pour l’Organisation Mondiale de la Santé, l’utilisation du téléphone au volant quadruple le risque d’accident.

Quelles sont les mesures de sécurité essentielles à prendre sur les routes selon vous ?

Compte tenu du fait que 90 % des accidents sont générés par un dysfonctionnement lié à l’usager, il est essentiel de continuer de faire progresser les comportements par des opérations de sensibilisation et de prévention. On peut bien sûr continuer de communiquer sur les dangers de la vitesse excessive, de l’alcool ou de la drogue au volant. Mais cela ne suffira pas. L’évolution des technologies et des modes de mobilité génère de nouvelles situations accidentogènes.

Il y a bien sûr l’usage du téléphone au volant mais aussi les écrans multimédias dans les voitures qui apportent de nouvelles fonctionnalités aux conducteurs mais qui peuvent aussi générer une surcharge mentale dans certains cas. L’IHM de certains véhicules étant particulièrement complexe et surchargée, il y a urgence à simplifier le paysage !

Il est tout aussi essentiel de former les usagers aux spécificités des différents moyens de mobilité et aux mesures qui sont prises pour faciliter leur coexistence. Je suis frappé de voir que peu de personnes comprennent véritablement la fonction du sas cycliste et que beaucoup ignorent le montant de la sanction en cas d’occupation de la zone par une voiture ou un camion.

De même, limiter le débat de la sécurité routière au respect des limitations de vitesse est devenu contreproductif. Les grands excès de vitesse étant devenus l’exception, il faut maintenant concentrer nos efforts sur l’adaptation de la vitesse au contexte et aux limites du corps humain. Par exemple, un humain peut tolérer un choc avec une voiture moderne si la vitesse est au maximum d’environ 30 km/h. Si une vitesse plus élevée est souhaitée dans une zone urbaine, la seule solution viable est d’adapter les infrastructures en séparant les passages pour piétons de la circulation. Pour assurer la sécurité des occupants d’une voiture, la vitesse maximale des voitures modernes est d’environ 70 km/h en cas de choc frontal et de 50 km/h en cas de choc latéral. Les vitesses supérieures à 100 km/h ne peuvent être tolérées que si l’infrastructure est conçue pour empêcher les chocs frontaux et latéraux. Et la situation se complexifie avec le développement de l’usage des vélos, des trottinettes et autres mobilités douces.

Cycliste en milieu urbain

Comment PARIFEX aide-t-elle à renforcer la sécurité routière ?

Au cours des 15 dernières années, PARIFEX a livré plus de 500 radars automatiques pour faire respecter les limites mises en place pour assurer la sécurité des automobilistes et la fluidité du trafic. Nos activités d’innovation ont fait que nous avons été précurseurs, par exemple avec notre radar VIGIE double-face, dans de nouvelles technologies telles que l’identification du véhicule en infraction lorsque la route est à plusieurs voies, la classification du véhicule pour appliquer la limitation de vitesse correcte ou la prise de photos par l’avant et l’arrière du véhicule pour identifier également les véhicules deux roues en infraction.

Plus récemment, nous avons développé une solution multi infraction, le NOMAD, capable de contrôler tant le respect de la limitation de vitesse que le non franchissement du feu rouge.

PARIFEX NOMAD radar urbain

Cet équipement fonctionne de manière non invasive, sans qu’il soit nécessaire d’installer des boucles ou des bandes dans la chaussée du carrefour. La caméra surveille visuellement les têtes de signaux, ce qui signifie qu’il n’est pas nécessaire de connecter physiquement les feux de circulation au système de contrôle, ce qui constitue un avantage non négligeable pour les municipalités qui veulent s’en équiper.

Toutes ces solutions matures sont un soutien quotidien aux opérations de l’État pour améliorer le respect des règles du code de la route. Sans révéler de secrets, je peux vous dire que nos travaux s’orientent maintenant vers des technologies innovantes qui vont permettre d’améliorer encore les comportements responsables sur les routes pour faciliter la coexistence des camions, des voitures, des motos, des cyclistes, des piétons, etc. sur les routes. En parallèle de ces nouvelles fonctionnalités, nous travaillons aussi sur la préservation de la vie privée et l’efficacité énergétique de nos produits. L’utilisation d’un capteur LiDAR 3D pour détecter la présence de véhicules permet de n’activer notre caméra et notre projecteur infrarouge qu’en présence d’un véhicule en infraction, ce qui évite de filmer et d’inonder de lumière l’environnement en permanence. De même, nos cabines de radar sont équipées d’une double paroi qui permet une circulation efficace de l’air, éliminant ainsi le besoin de climatisation, même dans les climats très chauds. Cette conception spéciale permet de réduire considérablement la consommation d’énergie et donc de réduire les émissions de CO2.

Nous contacter

  • Ce champ n’est utilisé qu’à des fins de validation et devrait rester inchangé.

LinkedIn
Twitter

Contactez-nous

S’inscrire à la newsletter